J'ai entendu que tu n'aimais pas le post-dubstep.
Un truc trop cliché pour briller à tes soirées un peu trop branchées pour moi je suppose ?
D'ailleurs je n'y viendrai plus car tu finis toujours trop défoncé et tu as la réputation de dépasser tes limites un peu trop souvent, pas très responsable.
J'exagère un peu.
En fait, la vraie raison pour laquelle je ne viendrai plus chez toi tu ne la connais pas encore. Mais ce dont tu peux être certain c'est que la prochaine fois que tu auras l'opportunité de rassembler vraiment beaucoup de monde, tu leurs feras écouter Blue Daisy vers trois heure et demie du matin. Le genre de son qui va faire danser l'esprit de toutes tes petites convives au dessus de leur crâne inerte et certainement trop alcoolisés pour s'en rendre compte. Tandis que toi, tu seras là, à les regarder planer, sans comprendre ce qu'il leur arrive. Leur thorax se mouvant au rythme des basses ultra profondes qui les transpercent. Tu seras jaloux. Tu ne comprendras pas. Peut être que si tu savais te laisser aller correctement, tu aurais pu partager ce moment qui te paraît surnaturel. Tu as beau essayer de les réveiller, ils ne t'entendent pas. Tu n'existes plus pour eux. Tu es devenu celui que plus personne n'observe et cela te blesse.
Tu te remets en question.
Pendant cette phase là, tu n'as nulle autre solution que d'essayer de les imiter. Tu n'y arrives pas.
Ton âme n'est pas assez pure pour savoir comment ressentir le beau. Le beau de la vie.
Tu as voulu prouver au monde que tu étais invulnérable et il te le rend bien.
Souffre un peu. Puis souffle. Un peu.
Je vais t'expliquer comment faire.
Pour commencer, pose moi ce verre que tu ne saurais boire.
Je vais te donner l'opportunité de remonter un peu dans le temps.
Tiens. C'est un cadeau.
Je ne le referai plus donc fais en très bon usage.
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Nous sommes désormais aux alentours de minuit. L'ambiance est bonne, tu revois toutes les scènes exactement comme elles se sont déroulées dans tes souvenirs. Tout le monde l'ignore.
Tu es un peu Dieu à ce moment là, mais reste modeste, il ne faudrait pas que quelqu'un s'aperçoive de ton comportement un tantinet étrange et déboussolé. Tu reprends raison.
J'ai préalablement choisi cette musique pour toi > Tessela - D Jane/Channel <. Fais moi confiance, c'est une bombe. (J'ai un peu l'impression d'être ton dealer, mais on reste dans la propreté. Souviens toi, ta soirée, on la revit, mais en mieux). Une fois que tout le monde aura hoché violemment la tête sur ce revival drum'n'bass ultra industriel, qui n'en est pas moins récent, apprécie le regard de ton voisin approuvant ton choix musical.
Souris du coin des lèvres, et pense à moi.
Tu as environ cinq minutes pour prendre ton pied, servir tes copines et préparer la track suivante. Histoire de garder tout le monde en haleine. Je n'ai que peu de temps pour t'expliquer la suite des instructions alors suis bien mes indications. Cette musique est très violente, estime que c'est un rite de passage puis vis la, beat après beat. Même si tu as un peu de mal à bien suivre le tempo, augmente légèrement le volume. Il faut que ça résonne dans ta tête. Ton corps se chargera de te guider et pourtant tu auras l'impression d'être dans un rouleau compresseur. Ce n'est pas de la magie. Mais presque.
Boum. Boum. Boum.
"Wahou"
Te dis-tu.
Je te laisse finir la track entièrement, après quoi, tu auras franchi la première étape.
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On enchaînera avec ça, > Kuedo - Scissors <, tu te démerdes pour la transition, mais tes junkies d'invités seront tellement en transe grâce à la précédente qu'ils ne s'apercevront de rien.
Tu commences à voir où je veux en venir ? Maintenant, c'est ton tour. Laisse-toi aller.
Dans le bon sens.
Press Play.
Nous nous retrouvons à présent dans une sorte de vol en hélicoptère au dessus d'une mégalopole en pleine guerre civile. Difficile de s'imaginer que ce n'est pas toi qui tiens le manche, mais moi. Je fais tout pour éviter les missiles tirés en notre direction à travers l'épaisse fumée à forte odeur de poudre à canon. Je me la joue un peu Spielberg mais -
Oups.
On a été touchés.
Merde. Tu ne vois plus rien. Tu es assourdi par ce bruit entêtant et cette mélodie redondante. Je peine pour nous re-stabiliser car nous sommes bel et bien en chute libre. L'altimètre ne déconne pas.
Dans dix secondes on s'écrasera, chez toi.
*CRASH*
Pendant que tu réalises que ce n'était qu'un rêve et que tu te trouves toujours à ta soirée un peu moins merdique, je me donne le droit de t'achever. Mais n'aies pas peur, fais moi toujours confiance, tu ne le regretteras pas.
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Voici la phase finale de notre expérience.
Tes potes n'ont qu'une idée en tête, c'est que tu continues de les faire vibrer. Mais ne leur dis pas, tu comprends très bien que c'est ce qu'ils recherchent et ils t'admireront pour ça.
Nous nous trouvons donc au point de départ, à l'heure où tu n'étais rien et que tu cherchais à prouver le contraire.
Ne regardes personne, agis. Retourne à ta source musicale, et lance le fameux >Blue Daisy - Spinning Channel<. Tu as le temps de l'introduction pour baisser l'intensité des lampes, embrasser la jolie brune qui te regarde choisir cette musique sans hésitation, te faire une place confortable, fermer les yeux et finir par les rejoindre, enfin...
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Tu n'as plus qu'à laisser le pouvoir de la musique opérer.
Bonus Track, pour prolonger le plaisir.
Maintenant je m'en vais.
A jamais.
HBSN